Histoire Des Libertines (76) : Femmes Libres D’Hollywood (9) Vivien Leigh, La Nymphomane

Vivian Mary Hartley, dite Vivien Leigh (1913-1967), née à Darjeeling (Inde) est une actrice britannique.

Immortelle grâce à « Autant en emporte le vent », l’un des plus grands succès cinéma de tous les temps, et seule actrice britannique à avoir gagné deux Oscars, Vivien Leigh était d’une beauté renversante dans sa jeunesse. En 2006, elle a même été élue « plus belle femme britannique de tous les temps » devançant notamment la Princesse Diana et Catherine Zeta Jones…

Cette beauté et cette gloire cachent pourtant une descente aux enfers.

BEAUTE ET TALENT

Au cours de ses trente années sur scène, elle interprète une myriade de rôles allant des héroïnes des comédies de Noël Coward ou de George Bernard Shaw aux personnages du répertoire shakespearien telles que Ophélie, Cléopâtre, Juliette ou Lady Macbeth. Actrice prolifique au théâtre, elle joue fréquemment avec son mari, Laurence Olivier, qui la dirige dans plusieurs rôles.

Louée pour sa beauté, elle considère que celle-ci l'empêche parfois d'être prise au sérieux comme actrice, mais sa santé fragile est son principal obstacle. Affectée de trouble bipolaire durant la majorité de sa vie adulte, elle acquiert une réputation d'actrice difficile, dont la carrière connaît des hauts et des bas. Elle est ensuite affaiblie par une tuberculose chronique, qui lui est diagnostiquée pour la première fois au milieu des années 1940. Après son divorce de Laurence Olivier en 1960, elle travaille sporadiquement sur scène et au cinéma jusqu'à sa mort, due à la tuberculose, en 1967.

Vivien Leigh remporte deux Oscars pour deux rôles de femmes du Sud des États-Unis : Scarlett O'Hara dans « Autant en emporte le vent » (1939) et Blanche DuBois dans l'adaptation cinématographique de « Un tramway nommé Désir » (1951).

SES DEBUTS

Vivian est la fille d’un officier britannique de l’armée des Indes. Sa mère lui inculque le goût de la littérature mais aussi les récits de la mythologie grecque et de la culture indienne.

Fille unique, elle est envoyée au couvent du Sacré-Cœur à Roehampton en 1920, à l'âge de six ans et demi.

Son père finit par la récupérer et elle voyage auprès de ses parents pendant quatre ans en Europe, étudiant notamment à Dinard, Biarritz, Sanremo et Paris, où elle maîtrise le français et l’italien. La famille retourne au Royaume-Uni en 1931. Son père l’inscrit à la Royal Academy of Dramatic Art.

La même année, elle rencontre Herbert Leigh Holman, connu sous le nom de Leigh Holman, un avocat de 13 ans son aîné. Bien qu’il critique les « gens du théâtre », ils se marient le 20 décembre 1932. Elle abandonne ses études de théâtre. Le 12 octobre 1933, Leigh donne naissance à une fille, Suzanne. Après le divorce, c’est Holman qui a la garde de leur fille.

Vivian est sélectionnée pour jouer dans « The Mask of Virtue », une pièce de théâtre mise en scène par Sidney Carroll en 1935. Pour ce rôle, elle reçoit des critiques excellentes.

Elle embauche un agent, John Gliddon, qui estime que Vivian Holman n'est pas un bon nom pour une actrice : il lui fait de nombreuses propositions, qu'elle refuse toutes avant de décider de prendre le nom de Vivien Leigh.

UNE RENCONTRE DECISIVE : LAURENCE OLIVIER

Comédien, metteur en scène, directeur de théâtre, réalisateur et scénariste britannique, Laurence Olivier (1907-1989) découvre Vivien Leigh dans « The Mask of Virtue. » Alors qu'ils jouent des amants dans le film "L'Invincible Armada" en 1937, une attirance mutuelle se développe et ils commencent une liaison amoureuse dès la fin du tournage. Laurence Olivier est alors marié à l'actrice Jill Esmond.

Leigh joue ensuite au théâtre le rôle d'Ophélie dans l'adaptation d'Hamlet par Olivier. C'est durant cette session que l'acteur découvre ses brusques changements d'humeur alors qu'elle se prépare à entrer sur scène. Sans raison apparente, elle commence à lui crier dessus avant de plonger dans le silence, le regard vide.
Elle joue ensuite parfaitement son rôle et a complètement oublié l'incident le jour suivant. C'est la première fois qu'Olivier la voit dans cet état. Ils commencent à vivre ensemble, sans obtenir ni l'un ni l'autre le divorce de leurs conjoints respectifs. Comme l'exigent les clauses de moralité des films de l'époque, leur relation est gardée secrète.

SCARLETT

C’est « Autant en emporte le vent », réalisé en 1939, qui fera d’elle une star.

En février 1940, Leigh Holman accepte de divorcer de Vivien Leigh tandis que Laurence Olivier et Jill Esmond se séparent également. Le 31 août 1940, Olivier et Leigh se marient. Leurs témoins sont Katharine Hepburn (voir « Histoires des libertines (72) : Femmes libres d’Hollywood (7) Katharine Hepburn, indépendante ou garce », publié le 15 décembre 2020) et Garson Kanin.

La presse new-yorkaise est très hostile à leur égard ; de nombreux journaux relaient les débuts adultères de Leigh et Olivier et critiquent leur volonté de rester aux États-Unis plutôt que de servir leur pays alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein.

Les Olivier retournent au Royaume-Uni en mars 1943 et Leigh fait une tournée en Afrique du Nord pour les troupes britanniques. Elle aurait refusé un contrat de film très lucratif, payant 5 000 dollars par semaine, pour pouvoir continuer son bénévolat auprès de l'armée. Elle participe à diverses représentations, avant de tomber malade. En 1944, les médecins lui diagnostiquent la tuberculose.

CRISES

En 1945, pendant le tournage de "César et Cléopâtre", Leigh découvre qu'elle est enceinte, puis subit une fausse couche. Elle sombre dans une profonde dépression, qui marque l'aggravation de ses crises de bipolarité.

Lors d’une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande, la crise du couple connait son paroxysme.

La pire crise du couple se déroule à Christchurch, quand Leigh ne trouve pas ses chaussures et refuse de monter sur scène dans une autre paire de chaussures.
Devant toute l'équipe, Olivier l'insulte et la gifle, et Leigh le gifle en retour. Elle emprunte alors des chaussures et effectue une représentation parfaite, passant des larmes à son rôle joyeux en quelques secondes. À la fin du tour, Olivier comme Leigh sont épuisés et malades. Olivier estime avoir « perdu Vivien » pendant cette tournée.

ET LIAISONS

L’autre triomphe de Leigh sera le rôle de Blanche DuBois dans la pièce de théâtre « Un tramway nommé Désir », de Tennessee Williams. Olivier met en scène la pièce. La pièce de théâtre contient une scène de viol et des références à l'homosexualité et à la promiscuité sexuelle, et est très controversée. Les discussions médiatiques sur ce sujet ajoutent à l'anxiété de Leigh, qui tient absolument à soutenir la pièce. Elle reprendra en 1951 le rôle dans le film d’Elia Kazan et y rencontrera Marlon Brando.

En 1948, Leigh a entamé une relation avec l’acteur britannique Peter Finch (1916-1977). En janvier 1953, Leigh se rend au Sri Lanka pour tourner « La Piste des éléphants », mis en scène par William Dieterle en 1954, aux côtés de Peter Finch. Peu après le début du tournage, elle sombre dans un état dépressif et Elizabeth Taylor, qui prend alors Leigh pour modèle, la remplace au pied levé. Olivier et Leigh retournent vivre en Angleterre, où Leigh, entre ses longues périodes d'incohérence, lui dit qu'elle aime Finch et entretient une relation amoureuse avec ce dernier.

En 1956, Leigh est choisie pour le rôle principal de la pièce de Noël Coward « South Sea Bubble », mais se retire de la production quand elle tombe enceinte. Plusieurs semaines plus tard, elle subit une nouvelle fausse couche et sombre dans une dépression qui dure plusieurs mois.

En 1958, Leigh considère que son mariage avec Olivier est terminé. Elle commence une relation amoureuse avec l’acteur canadien John Merivale (1917-1990). Merivale aura une influence positive sur Leigh, dont la santé mentale s'améliore sensiblement.


C’est de la tuberculose que Vivien Leigh mourra en 1967.

HANDICAPEE PAR SA BEAUTE ?

Leigh est considérée comme l'une des plus belles actrices de son époque. Elle dit en entretien que sa beauté peut être un grand handicap : certaines personnes partent d'une principe qu'une femme belle ne peut pas être bonne actrice, et elle-même estime que son apparence peut lui donner beaucoup de mal à ressembler aux personnages qu'elle voudrait incarner.

Le réalisateur George Cukor (1899-1983) décrit Leigh comme une excellente actrice, handicapée par sa beauté.

Laurence Olivier affirme de son côté que les critiques devraient remarquer son travail d'actrice et cesser de laisser leur jugement être influencé par sa beauté. Le scénariste Garson Kanin (1912-1999) se dit du même avis, estimant que la beauté de l'actrice a souvent caché ses exploits en termes de jeu d'actrice.

NYMPHOMANE ET BISEXUELLE

Selon un livre-choc sur sa vie, « Damn You, Scarlett O'Hara : The private Lives of Vivien Leigh and Laurence Olivier », paru en 2010, Vivien Leigh était bisexuelle et nymphomane.

Le livre, co-écrit par Darwin Porter, qui prétend avoir connu l’actrice dans les années 1960 et par Roy Moseley, qui fut l’assistant de son mari Laurence Olivier, affirme que l’actrice aimait coucher avec des inconnus, qu’elle ramassait dans la rue et des prostitués masculins qu’elle choisissait chez « Scotty’s », un bordel de Los Angeles maquillé en station essence avec une pompe et 22 employés.

Selon le livre, la célébrité mondiale qu’était Vivien Leigh dans les années 1940 se rendait chez « Scotty’s » avec George Cukor, l’un des réalisateurs de « Autant en emporte le vent », et ils s’y choisissaient des jeunes hommes avec qui passer la nuit.

Ils payaient ces garçons avec des cadeaux tels que des étuis à cigarettes, des bijoux et même des actions en bourse ou des bons. Elle comptait sur la discrétion professionnelle des prostitués pour qu’ils ne se vantent pas d’avoir honoré Scarlett O’Hara.

Bipolaire notoire, l'actrice tentait ainsi de compenser ses déprimes par l'euphorie de la chair.

« Elle était nymphomane, et moi, éjaculateur précoce. Pas la combinaison idéale. » Cet aveu désenchanté émane du mari de Vivien Leigh durant 21 ans, Laurence Olivier.

Une fois en couple avec Vivien Leigh, Laurence Olivier se plaindra vite de ne pouvoir suivre la cadence sexuelle imposée par la belle. Il parle de « week-ends harassants ».

On a prêté à Vivien une liaison avec l’acteur britannique Rex Harrison (1908-1990). Elle fut aussi l’une des maîtresses de Marlon Brando (1924-2004), lors du tournage du film « un tramway nommé désir ». Brando collectionnait les conquêtes, parmi lesquelles on peut citer Marilyn Monroe, Edith Piaf, Marlène Dietrich Ava Gardner, Jacqueline Kennedy.

Dans son livre consacré à Brando, « Un si beau monstre » (Albin Michel, 2017), François Forestier décrit une Vivien Leigh qui saute sur tout ce qui bouge, se promène nue dans la rue, fait des scènes à son mari, Laurence Olivier. « Elle sortait la nuit, nue sous un manteau de fourrure, et se faisait passer pour une prostituée. Elle couchait avec n’importe qui… », raconte François Forestier. « Son mari, l’immense acteur Laurence Olivier, en a terriblement souffert »

Cette « exotique de l'Angleterre et de l'empire des Indes », comme l'appelle Frédéric Mitterrand, était devenue une des femmes les plus belles du monde. D'une fragilité trompeuse. Ses yeux d'un bleu-vert lumineux sous sa chevelure d'ébène, légués d'une ascendance franco-irlandaise, étaient chargés d'une énergie, d'une volonté sans bornes.

Têtue comme Scarlett, Vivien arrivait toujours à ses fins.

« Je serai actrice », disait-elle encore écolière

« Je serai sa femme et sa partenaire », s'écria-t-elle en voyant Laurence Olivier pour la première fois, bien qu'ils fussent mariés tous les deux ;

« Je serai Scarlett O'Hara », se jura-t-elle dès qu'elle eut lu le best-seller de Margaret Mitchell, ne faisant aucun cas de la vingtaine des actrices les plus connues de Hollywood qui se battaient pour décrocher le rôle du siècle.

Les crises ont transformé la charmante et raffinée lady Olivier, toujours gantée de blanc, en grande névrosée, voire en furie ordurière et nymphomane, griffant, mordant et hurlant des insultes à ses proches.

S’agissant enfin de sa bisexualité, il est fait référence à une liaison saphique avec l’actrice anglaise Isabel Jeans (1891-1985) mais aussi de relations épisodiques avec d’autres femmes.

UN DESTIN TRAGIQUE

Vivien Leigh avait a priori tout pour être heureuse. Elle était belle, sa carrière a été marquée par de grands succès, elle a vécu une grande histoire d’amour avec Laurence Olivier.

Elle a pourtant franchi sans retour la frontière ténue qui existe entre hypersexualité et nymphomanie, ne parvenant plus à contrôler sa libido, en même temps que ses troubles bipolaires s’aggravaient.

Recyclant une question célèbre prononcée il y a quelques années pendant une campagne présidentielle française (« qui imagine… ? »), on peut en effet se demander comment imaginer la splendide Scarlett O’Hara « partir à la chasse » en pleine nuit, nue sous son manteau ou encore avoir recours à des prostitués et à des gigolos ?

Etant hypersexuelle, ayant à plusieurs reprises plus que surfé sur la fragile frontière avec la nymphomanie, j’ai été profondément touchée par ce tragique destin.

La volonté de se préserver, le soutien de l’entourage est indispensable, j’en sais quelque chose. Se souvenir de tels exemples tragiques aide aussi à tenir ferme sur une ligne de contrôle et de régulation. Pour éviter le destin terrible et malheureux de la belle Vivien-Scarlett.

REFERENCES

Cet article a été construit à partir de la fiche Wikipédia de Vivien Leigh et d’articles consacrés au livre de Porter et de Moseley, ainsi que celui de Forestier sur Marlon Brando.

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